HORS DES SENTIERS BATTUS
Les vacances approchent – pour certains plus vite que pour d’autres – et si vous êtes comme moi, peut-être que vos chaussures de randonnée commencent sacrément à vous démanger. Randonner avec son chien, ses chiens, un vrai bon moment de complicité. Que de choses partagées, que de liens tissés avec mes zouaves poilus sur ces chemins balisés de rouge, de blanc, de jaune ou de bleu.
Je ne randonne au maximum qu’à la journée. J’avoue honteusement être une vraie trouillarde et craindre les pires attaques de loup-garou rien qu’à l’idée de passer une nuit seule sous la tente en pleine nature… Oui ! Même avec mon n’affreux chien de ring : il serait capable de pas me défendre, l’idiot ! Et de me foutre encore plus les jetons en grognant ou aboyant pour un rien comme un bon chien des villes. Bref, partir plusieurs jours randonner en autonomie reste pour moi du domaine onirique, je pars rarement pour plus de 5-6H de randonnée, souvent moins…. Et comme beaucoup de randonneurs inconscients du dimanche, j’emporte que le strict minimum dans mon sac à dos. J’pars quand même pas en tongs hein ! Mais je n’ai que le minimum syndical pour ne pas être suicidaire et surtout je n’avais jamais réfléchi avant au « et si ça tournait mal », « et si j’avais à passer finalement la nuit dehors », « et si la Loi de Murphy s’acharnait sur moi ».
C’est ainsi que j’ai atterri sur le site et le forum de David Manise. Une vraie mine d’or sur tout ce qui peut concerner la survie et la prévention des risques dont j’ai particulièrement apprécié la méthodologie pour se poser les bonnes questions sur ce qu’on emmène ou pas dans son sac – http://www.davidmanise.com
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Voilà donc le résultat du petit jeu auquel je me suis livrée (utiliser cette méthodo. pour réfléchir à ma liste de survie canine)
Attention tout de même : cette liste n’a pas été encore éprouvée sur le terrain (et j’espère ne jamais d’ailleurs avoir à la tester en réelle situation d’urgence – touche du bois – ). Elle n’est pas non plus gravée dans le marbre, ça dépend tellement des conditions de randonnées (hiver, été, montagne, durée…), de son expérience, de ses compétences et incompétences. De toute façon, il existe des tonnes de sites qui donnent des conseils pour randonner avec son chien, avec des trousses de secours « type » à emporter, une de plus ne vous servirait à rien.
Cette règle permet de hiérarchiser les priorités quand on se retrouve plonger dans un contexte d’urgence ou de survie. Il ne sert à rien de chercher de quoi manger alors qu’on est en train de perdre tout son sang !
3 secondes sans prudence, sans vigilance : parce qu’on ne survit pas trois secondes avec la connerie et que oui la connerie tue alors autant anticiper les risques, faire attention pour prendre soin de soi.
3 min sans oxygène dans les centres vitaux : C’est le domaine des premiers secours (respiration, cœur qui bat, circulation sanguine qui fuit pas de partout :p)
3 heures sans régulation thermique : Que ce soit la chaleur ou le froid, mourir de chaud ou congelé, faire attention à gérer sa température corporelle est une priorité à ne pas négliger !
3 jours sans eau : L’eau c’est la vie mais elle n’arrive pourtant qu’en 4ème position dans l’ordre des priorités à gérer (même si nos capacités peuvent s’étioler avec la déshydratation et nous pousser aux 3 secondes de conneries).
3 semaines sans nourriture : et oui, pas la peine d’apprendre de suite à manger des insectes ou des plantes étranges, on peut tenir pas mal de temps sans manger. Pas la peine donc d’aller chasser l’orignal avant d’avoir régler les points précédents.
Attention, cette liste est écrite et pensée pour les humains. Je n’ai aucune idée des données relatives à nos compagnons canins (combien de temps survivent-ils sans manger par exemple). Elle me permet néanmoins de poser déjà les premiers jalons de ma liste de « survie » en la reprenant point par point.
1/ On ne survit pas 3 secondes avec la connerie.
Et qu’est-ce que les chiens peuvent être doués pour les conneries des fois ! Pour y survivre, il faut à mon sens : connaître leurs petits péchés mignons habituels, du matériel pour les protéger d’eux-même.
Pour les miens, je sais par exemple qu’ils peuvent se montrer très inconscients en présence d’eau (sont capables de sauter dans l’eau de très haut voire d’un pont sans savoir s’ils pourront remonter, si le courant est trop fort), à moi donc d’y faire attention et de les rattacher quand ça présente un danger ou quand je sais qu’il y a de l’eau mais que je n’ai pas encore pu évaluer les risques. Idem pour tout ce qui est en hauteur, chaque année des chiens se tuent en sautant en équilibre sur un muret sans avoir conscience que derrière c’est 20m de chute libre. Je connais assez Enken et Chap pour savoir qu’ils en seraient capables aussi, donc idem, je rattache.
Chaplin en paniquant peut également avoir des réactions inconsidérées. J’ai un mauvais souvenir de randonnée avec passage sur un pont métallique au-dessus de cascades (bruit des cascades, marcher sur un truc avec le vide visible en dessous). Je choisis donc parfois désormais de ne pas l’emmener quand je pressens une situation potentiellement difficile à gérer avec lui. J’emmène aussi un matos adapté dont il ne pourra pas se défaire en paniquant (harnais animalin avec attache sur le devant, collier particulier dont je sais qu’il ne peut pas se défaire).
Dans mon matos : une laisse, un collier (un harnais si j’en ai un sécuritaire, actuellement je n’ai que des harnais dont mon chien arrive à s’échapper), mon sifflet pour le rappel d’urgence. A noter d’ailleurs que mon sifflet de ring que je prends toujours en rando pour le cas où, même si je n’ai jamais eu à m’en servir, pourrait aussi un jour me sauver la vie (permettre aux secours de me repérer).
Par ailleurs, pour ma part, savoir que j’ai aussi mes chiens sous ma responsabilité, savoir que eux ne sont pas capables d’apprécier les risques, m’oblige à encore plus de prudence. Je ne suis pas seulement prudente pour moi, je suis prudente pour eux, eux à qui je ne peux en plus pas expliquer par des mots qu’il faut faire attention. Ils sont un de mes garde-fous contre ma connerie, quitte à faire demi-tour et à changer le plan.
On ne survit pas 3 min sans oxygène dans les centres vitaux
Qu’emporte-t-on dans sa trousse à pharmacie de secours ? Ca dépend beaucoup des gens.
Pour ma part :
1/ de quoi faire un pansement ou un bandage de fortune : ca comprend actuellement mon tour de cou/bandana (que je porte dans mes cheveux en chouchou s’il fait chaud et qui m’aide à pas avoir froid en hiver en mode tour de cou, mais qui peut aussi servir à filtrer de l’eau). Je vais y rajouter je pense un paquet de mouchoirs ou des serviettes hygiéniques pour gérer tout ce qui est hémorragie avec un bout de duck tape pour coller le tout (et ça peut servir à plein d’autres choses, réparation pour le scotch, démarrage d’un feu pour les mouchoirs). Je me tâte pour emmener un bandage (entorse, fracture à gérer avec pose d’attelle)
2/ de quoi protéger un coussinet blessé le temps de rentrer : une de mes chaussettes de rechange.
3/ une pince à épiler pour les épines et les tiques (même si je sais les enlever à la main et que la meilleure protection reste la prévention et l’épouillage régulier).
4/ un bout de ficelle pour fabriquer une muselière de fortune en cas de nécessité (parce que oui on sait jamais avec un chien blessé, pis de la ficelle ca peut servir à plein d’autres trucs !)
5/ Accessoirement, l’adresse et le plan d’accès de quelques cliniques vétos de notre villégiature de vacances, c’est pas mal non plus.
On ne survit pas 3 heures sans régulation thermique
Ce sera sûrement eux qui m’aideront à garder ma chaleur corporelle si je dois rester dans le froid en se collant à moi, sont quand même plus résistant que nous à ce niveau-là, mais tout de même ce que je prévois pour moi peut les aider eux.
– De quoi faire un feu (et surtout la compétence pour le faire)
– De quoi s’abriter (pour ma part, histoire de pas rajouter un truc énorme dans mon sac pour la journée juste pour le cas où, je compte apprendre à réutiliser mon poncho pour en faire un abri. Faut par contre que je tienne compte des bestioles sur le montage de l’abri (faut qu’ils puissent s’y glisser avec moi sans tout casser). L’abri peut aussi servir à faire un peu d’ombre pour un chien victime d’un coup de chaud (même si refroidir avec de l’eau est primordial)
– De quoi s’isoler du sol. En mode dépannage MacGyver qui me séduit bien (car très léger et peu encombrant à emporter), quelques sacs poubelles qu’on peut remplir de feuillages. Ca coûte rien mais ca peut dépanner et j’peux facilement en prendre un ou deux de plus pour faire aussi un tapis pour le chien.
– De quoi sécher la bestiole (un chien résiste bien au froid, mais mouillé quand même beaucoup moins), à voir avec les serviettes super absorbantes et très légères à glisser en plus dans le sac.
On ne survit pas 3 jours sans eau
Même s’ils ont pas besoin de micropur et de système de filtrage pour boire de l’eau dégueulasse, qu’ils sont souvent capables de se désaltérer sans notre aide avec quelques flaques, je prévois toujours de porter de l’eau en plus pour eux.
Une astuce de mon cru pour une gamelle d’eau de rando légère, économique, et peu encombrante, j’utilise un ou ziploc que je remplis d’eau comme gamelle.
LE C²VMD – (Ca, Ca Vaut Mille Dollars)
Pour l’instant nous n’avons parlé qu’en termes de besoins. Un moyen de compléter notre liste d’après David Manise, est aussi de réfléchir en termes de moyens : les moyens que nous avons à notre disposition pour survivre, le fameux C²VMD.
CONSCIENCE : Ca rejoint la règle de 3 secondes avec la connerie. Je zappe donc, nous en avons déjà parlé.
COMMUNICATION : Entre dans cette catégorie pour les humains, le téléphone pour appeler les secours par exemple. Mais on peut aussi y glisser la communication dans le groupe de randonneurs, dans notre cas, entre nous et notre chien. Avec un chien qui possède une très bonne éducation on s’évite tout de même des ennuis. J’y classe donc un rappel du tonnerre, mon « attends » qui correspond à un stop à distance, un pas bouger (pour pouvoir chasser des chiens errants), un « doucement » pour les passages difficiles sans que ça tire un grand coup sur la laisse.
Mais surtout, une grande confiance entre soi et son chien me parait indispensable. C’est ce qui fera qu’il acceptera de nous suivre malgré une difficulté en chemin, qu’il acceptera d’être porté dans les bras en cas de besoin etc… En randonnée comme sur un terrain d’entrainement, on fait équipe, on est partenaire. Il faut bien se connaître, assez pour savoir quand il est plus sage de faire demi-tour et pas insister dans le passage d’une difficulté, assez pour rester calme dans une situation compliquée (je repense à mon passage au milieu d’un troupeau de vaches et de leurs petits échappées de leur champs, avec un chien resté au pied sans broncher malgré les museaux bovins qui trainaient pour le renifler), assez pour repérer les signes de quand ça va pas (chaleur, fatigue), assez pour arrêter avant que ça n’aille pas. Nos chiens sont capables d’aller au bout d’eux même pour nous suivre, faut les connaitre assez pour ne pas leur demander de dépasser trop leurs limites pour nous. On est partenaire, on prend soin l’un de l’autre, c’est le deal.
VISION. Si on ne voit plus, ça devient compliqué de se démerder ! Cette rubrique concerne beaucoup nous autres deux pattes (anticiper le brouillard, lampe pour s’éclairer). On peut néanmoins prévoir des colliers réfléchissants dans le noir pour pas les perdre de vue (ça peut aussi aider à se signaler des secours, comme le sifflet) ou pour éviter qu’un chasseur les confonde avec un sanglier (la clochette aide aussi). Je peux aussi mettre un chouchou à Chaplin pour qu’il n’ait pas trop de poils devant les yeux et prévoir pour eux comme pour moi, une fiole de sérum physiologique en plus dans ma trousse de secours pour nettoyer un noeil.
MOBILITÉ. Sans mouvement, on n’évite pas une chute de pierre, on ne peut pas rejoindre un point d’eau. Ca suppose donc de faire attention à notre appareil locomoteur (cf ma pharmacie de secours). Pour nous humain, c’est aussi avoir de quoi se repérer (carte, gps, boussole, savoir-faire) mais j’pense pas pouvoir encore apprendre à mes chiens à lire une carte topographique loool
DEXTÉRITÉ. Idem, nous sommes dans une compétence humaine avec nos pouces préhensiles pour utiliser ce qui nous entoure et éviter de mourir. Utiliser son réchaud avec des doigts gelés, ça devient un monde de complexité. Nous avons aussi tendance à perdre de notre motricité fine sous stress au point de ne pas réussir à faire la petite manip’ dont on aurait besoin pour s’en sortir. A ce titre, mes chiens peuvent rien pour m’aider à protéger mes mains des blessures ou du froid, ni vraiment à gérer mon stress… quoique… j’me dis que dans une situation catastrophique, un chien, notre compagnon de toujours là à nos côtés (et lui sans stress et dans l’inconscience totale de la gravité de la situation), ça doit faire du bien au moral et aider à pas partir en live.
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Voilou pour ma liste à moi ! Je serais curieuse de voir ce que vous emportez vous dans votre sac à dos pour vos bestioles, et comment vous rempliriez ces deux check-lists de « questions à se poser » pour vous-mêmes et vos compagnons.
Evidemment tout ceci ne prend en compte que la gestion et la prévention des risques. Dans ma besace, quand je randonne, j’emmène aussi des sacs à crottes, et régulièrement mon clicker, une balle ou quelques friandises juste pour le plaisir, mais ça c’est une autre histoire.
En attendant, BONNE RANDO LES LOULOUS !