Quand l’exercice se met à décider à notre place…

Quand l’exercice se met à décider à notre place…

Je viens me placer au milieu du terrain, là, juste devant la ligne blanche, Enken à mes pieds. « Assis » petit pas à droite pour me décaler, « au pied ». Ma main n’a pas le temps de plonger dans la poche de ma veste, Enken sait qu’il va en sortir sa chaussette. Déjà il sautille à mes pieds, le regard obnubilé par ma poche. L’objet violet apparait, il trépigne de plus belle, me devance légèrement, il sait que je vais le lâcher et qu’alors il pourra l’avoir. L’objet tombe, il le chope au vol, et fonce devant moi.

Ce n’est plus moi qui suis aux commandes, c’est l’exercice…

Explications :

Durant la phase d’apprentissage, on contrôle toutes les phases de l’exercice.  On le décortique, on le fragmente en petites briques, et nous choisissons de récompenser une phase ou une autre.

Une fois l’exercice acquis, ce n’est plus que de l’entretien. On rentre dans la routine en récompensant souvent que la fin de l’exercice. On finit petit à petit par ne plus rien maitriser. On ne décide plus du déclencheur de l’action de récompense… et  on se piège tout seul.

Comment je me suis fait avoir par mon objet au vu

Déjà, dans l’objet au vu, la récompense vient de l’exercice en lui-même et devient donc d’autant plus dure à contrôler. Pour Enken, le dingo des objets, avoir le droit de choper sa chaussette c’est déjà super fun et une récompense en soi.

Du coup, il obtient cette « récompense », tout le temps au même moment, alors qu’il me suit au pied… Il n’a pas fallu très longtemps à son cerveau belge pour faire la relation de cause à effet, je marche au pied, mon objet apparait, je continue de marcher au pied, hop ca déclenche le « lâcher de chaussette » et j’ai le droit de l’avoir, yeah ! Il s’est mis petit à petit à anticiper l’apparition de la chaussette en me devançant légèrement pour regarder mieux ma poche de veste (il se place devant un peu en biais). Et comme à l’entrainement, sa marche au pied même un peu trop devant et en biais continuait à être récompensée par l’apparition de la chaussette et le droit de la choper… Il a continué à me devancer de plus en plus, l’excitation aidant bien à la chose.

Pire, plus j’essaie de le faire patienter pour qu’il ne me prenne pas la chaussette des mains tout  seul, (en marchant la chaussette sortie mais n’étant pas lâchée), plus je cultive sa frustration et ce devancement. «  Si elle ne lâche pas la chaussette c’est que je ne suis pas assez à donf à ses pieds, hé regarde je suis là, lâche-là ! Lâche-là ! Plus je répète l’exercice, plus je le travaille, plus je consolide cette mauvaise habitude.

C’est comme ça que je me retrouve avec un chien qui me gêne sur l’objet au vu pour sortir ma chaussette de ma poche, au point d’être à la limite de ce qui est toléré dans le règlement. Argh !

Reprendre le pouvoir !

Ce n’est pas au déroulement de l’exercice de décider à ma place de ce qui récompensera mon chien. C’est à MOI de choisir l’action qui déclenchera la récompense.

On va travailler d’abord en statique. Enken au pied, la chaussette dans ma main juste devant son nez. Il va devoir trouver le comportement qui va déclencher le « lâcher de chaussette », j’ai choisi « reculer légèrement ». S’il recule un peu, il ne me devancera plus et ne me gênera plus CQFD ! Je vais le bosser au clicker, en attendant simplement qu’il me le propose de lui-même par frustration, ou en l’aidant légèrement s’il  n’arrive pas à trouver (en reculant moi-même par exemple).

Une fois qu’il aura pigé le truc et besoin d’aucune aide d’aucune sorte, on compliquera le schmilblick, faudra qu’il me propose la même chose, mais cette fois-ci sans voir la chaussette sortie. C’est la main qui plonge dans ma poche qui deviendra l’ordre contextuel. Et on est reparti avec cette fois-ci une main dans la poche et une avec le clicker. En bossant dans un contexte proche du précédent (même veste de conduite, même lieu, même rituel) il ne tardera pas à transposer sa proposition d’un contexte à l’autre.

Et voilà, y’aura plus qu’à y parvenir en marchant, pour retrouver un objet au vu décent.
That’s the idea, à voir en pratique, si le belge parvient à suivre ma logique.

 

One thought on “Quand l’exercice se met à décider à notre place…

  1. Cool ce nouveau post !
    Il y a toujours des ajustements à faire quand on fait des exercices qui demandent tant de précision… et c’est aussi ce qui rend cette relation avec son chien super intéressante.
    Merci pour le post… et j’espère qu’on pourra de nouveau bénéficier de ton savoir sur BCMA, ou au moins ici un peu plus souvent. 🙂

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