DE L’ART DE LA CARESSE

DE L’ART DE LA CARESSE

Entrainement d’hier soir, mon frère me regarde faire du plat (terme désignant les exercices d’obéissance en ring) au bord du terrain et le verdict tombe « tu ne parles pas assez à ton chien, tu ne le caresses pas assez pour le rassurer ». Quoi ? Moi la foldingue des baballes, moi qui ne sort jamais sans mes dés de jambon, moi qui ne craint pas le ridicule et explose de joie et d’enthousiasme, papouille mon chien, saute, joue, moi je ne caresse pas assez mon chien ?

 

 

En vérité, il a raison.

 

 

Pour être plus précise, je caresse mon chien, je le touche, le papouille, le félicite chaudement, je passe beaucoup de temps à caresser mon chien mais toujours à la fin de l’exercice pour le récompenser (en plus des friandises ou du jeu, ou quand je suis en phase aléatoire de la récompense), rarement pendant. Pour tout dire, je pense que je le faisais avant, mais entre temps j’ai oublié, entre temps j’ai découvert d’autres manières de travailler et les caresses pendant les exercices sont un peu passées à la trappe.

 

Je travaille beaucoup selon les techniques des méthodes positives. Par exemple, hier soir, pour apprendre à mon chien à garder un objet en gueule sans le mâchonner (pour plus tard lui apprendre à le rapporter sans le mâchonner) :

 

 

Assis devant moi, je lui faisais prendre son objet (une chaussette roulée) dans la gueule, et je commandais « garde », puis il devait attendre avec sa chaussette dans la gueule de plus en plus longtemps. A mon « ouiiiiiiiiiiii » lui signifiant qu’il avait bien fait, je reprenais sa chaussette qu’il laissait tomber dans mes mains, et le félicitait avec moult caresses et un dé de jambon en récompense. Au tout début de l’apprentissage, la durée d’attente pouvait être que de quelques secondes, durée augmentée progressivement : de 1 seconde à 2 secondes, puis 5, 7, 10, 15 pour toujours mettre son chien en position de réussite. Beaucoup d’exercices fonctionnent sur le même principe en méthodes positives, comme le « pas bouger » où on augmente progressivement aussi la durée pendant laquelle le chien ne doit pas bouger, ou le « au pied » où on augmente le nombre de pas à réussir avant de gagner sa récompense.

 

 

Enken en était à ce moment là à 30-45 secondes avec son objet gardé fièrement en gueule mais l’apprentissage est encore tout frais pour lui. Il le garde en m’observant intensément pour savoir quand je vais dire que c’est bon, qu’il a gagné, qu’il est le chien le plus intelligent et le plus merveilleux du monde, mais parfois je peux lire quelques doutes dans son regard. Hum… c’est bien ca qu’elle veut en fait ? Elle m’aurait pas oublié là ? Ca dure longtemps ce coup-ci, ptete que si elle dit rien c’est parce que je fais un truc qui cloche ? Ce genre de petits doutes et de regards qui te disent qu’il va pas falloir trop tirer sur la corde et vite le récompenser pour ne pas le mettre en échec et qu’il lâche sa chaussette ou se relève. C’est ce que je fais dans 80% des cas, je récompense avant que ca ne craque, et on recommence. Hier soir, je me suis souvenue, qu’une simple caresse et un « c’est bien » pouvait chasser des doutes et permettre à mon chien de continuer l’exercice sans recommencer en étant plus serein, plus calme, simplement rassuré sur le fait que ce qu’il est en train de faire, c’est bien.

 

 

J’utilisais déjà beaucoup le « c’est bien » d’une voix calme et douce en tout début d’apprentissage, mais je le faisais uniquement pour pouvoir répéter l’ordre « assis, c’est bien, assis c’est bien, c’est bien assis » ou « pas bouger c’est bien, pas bouger, c’est bien, pas bouger », pour que mon chien entende plusieurs fois le nouveau mot/ordre à assimiler et à associer à un comportement. Plus facile de savoir que assis veut dire mettre les fesses par terre si on entend 10 fois le mot assis quand on met les fesses par terre et non une seule fois. Je redécouvre désormais une nouvelle corde à mon arc, un balai à doutes, un puissant calmant, une pom-pom-girl pour encourager, un prolongateur d’exercice, un prolongement de moi pour communiquer avec mon chien, un lien avec lui pour lui dire qu’il est le plus intelligent et le plus merveilleux chien du monde, tout ca juste avec la paume de ma main.

 

 

Qu’étais-je bête pour l’oublier !

 

Promis, pour trouver l’absolution de ma faute, je vais de ce pas faire 10 caresses à mon chien. Et vous c’était quand la dernière fois que vous avez caressé votre chien pendant un exercice ?

5 réflexions sur « DE L’ART DE LA CARESSE »

  1. Hello

    Un petit coucou d’une ancienne blogueuse du forum BA qui appréciait à 100% tes interventions
    J’ai vu ton post sur le rapport d’objet avec Enken, et perso, avec le même montage, j’ai eu le même souci… normal
    Je peux si tu le désires t’expliquer la soluce que j’ai trouvé à ce petit « problème », je t’ai laissé mon e-mail, écris moi
    Au plaisir de te lire Shade

  2. Je te trouve franchement GÉNIALE !!!!
    Toutes ces remises en question pour quelqu’un ayant tes connaissances,ton savoir-faire,tes capacités etc..et bien BRAVO !!!!
    Je me régale moi aussi de te lire sur le FORUM DU BA malgré que je ne sois pas une  » utilisatrice » mais tu es toujours de bons conseils,c’est SUPER !!
    En attendant,je te souhaite une très bonne continuation et beaucoup de satisfactions avec tes loulous.
    Amicalement

  3. cette immense pouvoir de la caresse qu’effectivement on a tendance à oublier quand on travaille en méthode positive en privilégiant les friandises ou la balle , pourtant qu’elle peut être puissante cette caresse, qu’est ce qu’elle peut en dire au chien suivant son rythme, le lieu de la caresse et surtout le coeur qu’on y met.
    la caresse si puissante et pourtant souvent si mal faite, trop vite, sans y mettre son coeur, pas au bon endroit … très sympa d’avoir écrit cette réflexion qui redonne toute sa place à la caresse le msut de la récompense positive et que l’on a toujours avec soi !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *