Vous couriez ? Et bien volez maintenant !
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N’en déplaise à ce cher de la Fontaine, il n’y a point de cigale ou de fourmi dans mon histoire. Juste un chien et une tortue, enfin moi qui cours à une allure de tortue…
C’était la bonne résolution de l’été indien, tout le monde courait autour de moi, même moi, et même mes chiens. Pourtant telle la cigale qui chante sous le soleil, les affres de l’hiver ont tendance à freiner les baskets (on dit running quand on est « in »). Courir quand il fait nuit, quand il fait froid, sur les trottoirs, sous la pluie, allez savoir pourquoi, ça a d’un coup un peu moins de charme…
Pour garder la motivation, on conseille souvent de courir à plusieurs. Moi, les seuls cinglés que je connaisse qui crèvent d’envie de m’accompagner par tous les temps, ce sont mes chiens. Pourtant telle la fourmi qui prépare l’hiver dès la saison estivale, courir en hiver avec les toutous demande un peu de préparation et de travail. Parce qu’en hiver, la semaine, à l’heure où on peut chausser les runnings, souvent, il fait nuit ! On se retrouve donc à délaisser les chemins forestiers pour l’asphalte et le béton des trottoirs éclairés. Pour les toutous, adieu les courses effrénées sur les sentiers, on remet les laisses, question de sécurité.
Voilà le « problème » courir l’hiver avec son chien est souvent synonyme de courir en laisse. C’est un problème sans l’être puisque ça peut vous permettre de découvrir avec lui les joies du canicross. Une vraie discipline sportive avec ses adeptes et ses compétitions.
Je vous rassure tout de suite, j’ai rien d’une fille sportive et vu qu’il n’existe pas de catégorie limace neurasthénique en compétition, je m’abstiens de prétendre un jour pouvoir y participer. Ce qu’il y a de chouette avec le canicross, même pour les maitresses-escargots, c’est surtout le matériel spécifique utilisé notamment les laisses avec amorti, les ceintures ou baudriers pour pouvoir courir les mains libres sans se faire mal au dos.
Et puis il y a toutes ces nouvelles sensations liées à ce mode de course différent. Avec certains chiens, on ne court plus, on vole ! On a l’impression d’aller vingt fois plus vite, on se prend pour Usain Bolt. Si, si, rien que ça ! Même les côtes sont plus facilement avalées avec la bestiole qui tire devant. C’est un peu plus crevant, on court des fois un peu en sur-régime, on se découvre des muscles inconnus au bataillon (vive l’effort excentrique pour résister à la traction et ses courbatures !), mais qu’est-ce que c’est grisant !
Je vous faisais remarquer cependant tout à l’heure que cela dépendait des chiens. L’égalité canine n’existe pas. C’est d’ailleurs vraiment à travers cette activité que j’ai compris ce qu’était la sélection « chien de travail ». Mes bearded collies ont tous toujours aimé courir avec moi, comme les autres, ils ont vite compris qu’ils devaient rester devant moi et tirer. Cependant, les deux avaient plus tendance à se caler sagement à ma vitesse sans trop tracter. Les sorties avec eux sont donc plutôt cool, je peux garder le même rythme que sur mes sorties solo. Avec Ramdam le BA de travail, et encore pire avec Enken, c’est une toute autre histoire. En bon cinglé de belge, il se donne totalement à fond et semble considérer comme une mission sacrée le fait de me tracter de toutes ses forces. Je peux voir ses griffes se planter dans le sol pour tirer l’espèce de poids mort que je suis. Il s’adapte à mes changements de vitesse, mais même en mode « marche », il donnera tout. C’est un athlète, un compétiteur dans l’âme, il a ce goût de l’effort. Avec lui, je vole et j’adore cette sensation !
APPRENDRE A UN CHIEN A TIRER QUAND IL NE TIRE PAS ET QU’ON EST TOUT SEUL
Apprendre à tracter n’est pas toujours naturel pour les chiens, on passe tellement de temps à leur apprendre à ne pas tirer en laisse faut dire. Ramdam par exemple cherchait désespérément à rester au pied malgré mes encouragements (le cinglé de belge, lui, s’en est donné à cœur joie tout de suite par contre XD). Si vous parcourez un peu les sites de canicross, pour les chiens qui refusent de courir devant, on préconise souvent d’utiliser un assistant qui court avec un autre chien ou un jouet pour le motiver.
Moi j’avais pas de deux-pattes dispo pour m’aider. Ramdam a cependant appris sans problème à tracter comme les autres. Pour ça, j’ai utilisé une balle (c’était un dingo des balles). Après la balade quotidienne où il courait avec moi mais en liberté, on se faisait un petit entrainement spécifique. Je lui mettais son harnais, lui disais « allez on va courir », je l’attachais à un arbre, l’excitait sur sa balle et allait la déposer une vingtaine de mètres plus loin en lui montrant. Puis je revenais, le détachais, l’excitais un peu en tenant la laisse, lui disais « 1, 2, 3 go ! » et on courait ensemble vers la balle. A un ou deux mètres de celle-ci, je lâchais la laisse pour qu’il puisse sauter dessus. Pis hop on recommençait une ou deux lignes ainsi avant de rentrer à la maison. Il aimait tellement sa balle qu’il ne se faisait plus prier pour tracter.
Le lendemain et les jours suivant, je choisissais le même lieu de balade et la même clairière pour recommencer notre entrainement en augmentant petit à petit la distance (jusqu’à carrément partir de la voiture) ou en changeant l’ordre du programme (je posais la balle à vue, on allait se balader, puis on revenait faire notre ligne en courant sans lui remontrer avant la balle). Et puis un jour, j’ai été mettre ma balle sans qu’il la voit, bien avant de le sortir de voiture. J’ai refait exactement le même rituel que les autres jours avec la mise en place du harnais, le top départ, je l’ai encouragé à tirer quand il doutait, et quand il a trouvé la balle, ça a été la big fiesta. On a refait ça une ou deux fois, toujours dans la même clairière pour qu’il percute bien « quand y’a le rituel, même si je ne l’ai pas vue, la balle est au bout, faut que je cours et tire le plus possible pour l’avoir. »
J’ai refait le même cirque dans un autre lieu de balade en reprenant à zéro (mais en progressant plus vite dans les étapes) pour m’assurer qu’il avait bien compris et puis ça a été le « Grand Jour ». Je n’ai conservé que notre rituel de départ (qui permet aussi d’expliquer au chien que là il a le droit de tirer mais pas quand on se promène avec le collier). Plus de balle posée au sol. Je courais avec lui attaché à ma ceinture de canicross et quand on arrivait à la fin, je détachais discrètement le mousqueton et je lançais une balle bien devant pour le récompenser. Et c’est ainsi que Ramdam est devenu un canicrosseur comme mes autres chiens xD
L’idée n’était pas et n’est pas de toujours courir avec son chien qui tracte devant. Il faut savoir varier les plaisirs pour que ça reste un jeu. On accroche le chien, on le re-décroche, il tracte, il court en liberté, fait sa vie. Et même si en semaine on court attaché sur les trottoirs, le week-end (s’ils ont un bon rappel) à nous la liberté !
NOTE – Il est évident qu’il faut s’assurer avant de commencer à faire courir son chien qu’il est apte physiquement à le faire (pareil pour le pauvre humain qui devra suivre derrière). Il faut aussi attendre qu’il ait fini sa croissance pour l’initier à cette discipline afin de préserver ses articulations. Pensez à apporter de l’eau pour le rafraîchir et enfin ne lui en demandez pas trop (en compétition, les distances ne dépassent pas 9km et sont inférieures à 4km par temps chaud).
NOTE BIS – Une dernière anecdote pour vous convaincre que courir l’hiver sur les trottoirs de nuit c’est fun. J’ai lu sur un forum de canicross que certains utilisaient l’obscurité pour apprendre les directions à leurs chiens. Instinctivement on va regarder là où on veut aller avant de tourner et de donner l’ordre directionnel au chien, la nuit, muni d’une frontale, la direction du faisceau lumineux peut aider le chien en le guidant au début de l’apprentissage. Un « truc » pas testé mais qui peut faire voir d’un autre œil les sorties hivernales ou nocturnes.