DANS LA JUNGLE DE LEDUCATION CANINE
Ou pourquoi on nous explique tout et son contraire suivant léducateur questionné ?
Jai souvent eu loccasion de discuter avec des maitres un peu dépassés, ne sachant plus qui croire ou ne pas croire, quels conseils suivre ou pas et pourquoi diable tout le monde leur répondait tout et son contraire.
La raison en est simple, et pourtant elle est rarement abordée sur les terrains des clubs canins. Comme pour la pédagogie humaine où coexistent plusieurs courants de pensée et plusieurs écoles dont sinspirent les enseignants et autres formateurs (pédagogie Freinet et les écoles Freinet étant lalternative la plus connue à lenseignement académique des établissements scolaires publics), il existe plusieurs courants de pensée, plusieurs écoles dont découlent plusieurs méthodes différentes. Chaque éducateur/moniteur, chaque club ou même chaque discipline étant plus fervente de lune ou de lautre.
Tentons un peu de sy retrouver dans cette jungle.
On oppose en règle générale, deux grands courants dans léducation canine. Les méthodes dites traditionnelles, et les méthodes dites positives avec entre les deux, une multitude dinterprétations et de savoir-faire possibles. Ce topo nest dailleurs que mon expérience et mon interprétation personnelle des dites méthodes dont je ne prétends nullement maitriser tous les rouages.
LES MÉTHODES DITES « TRADITIONNELLES »
Pour faire simple sans rentrer dans le détail des théories de lapprentissage (ca sera pour une prochaine fois sinon cet article fera 40 pages), elles sont basées sur :
la récompense des comportements souhaités
et la sanction des comportements non souhaités.
Concrètement, si nous prenons lexemple de lapprentissage du assis :
Le chien debout à côté de nous, on va laider à effectuer un mouvement de bascule vers larrière. On donne lordre assis puis on a 2 manières de procéder : une main sur le poitrail et une sur les fesses du chien, la main sur le poitrail pousse vers larrière pendant que lautre main appuie sur les fesses du chien. Ou, une main tient la laisse et tire vers larrière parallèlement au sol pendant que lautre main appuie sur les fesses. Une fois que le chien est assis on félicite et récompense (assis cest bien, assis cest bien). Quand le chien commence à connaitre lordre, on va dire assis et féliciter sil sexécute, ou dire assis et sanctionner (soit en appuyant sur les fesses du chien, soit en donnant une saccade sur la laisse vers larrière) sil nobtempère pas, avant de féliciter une fois dans la bonne position.
Récompense et sanction :
La sanction doit être donnée au bon moment pas une seconde avant ou après, et doit être juste et dosée en fonction du chien et de la faute. La sanction doit être donnée dans le calme, ce nest pas un moyen dexprimer sa colère et de se défouler, le chien ne comprenant quune chose à la colère : mon maitre est un incompétent qui ne sait pas se maitriser. Si elle est trop forte, le chien perdra confiance en son maitre, et risque de se bloquer par peur (ou de se défendre également par peur). Si elle est trop faible, elle ne servira à rien et pourra être répétée 20 fois sans que le comportement du chien évolue au risque dapprendre en plus au chien à supporter de plus en plus la contrainte et de rentrer dans le cercle vicieux de lescalade. Une saccade avec un collier étrangleur ne fait rien, je passe au collier à piques puis quand le chien y est habitué au collier électrique etc Il vaut mieux une sanction légèrement plus forte avec un chien qui comprend tout de suite quune sanction un peu trop faible répétée X fois qui habitue le chien à ne pas en tenir compte. A noter que les « vraies » saccades ne sont pas une histoire de force, et n’ont pas pour but dasphyxier le chien en létranglant, cest juste une technique, qui, quand elle est maitrisée, permet de mettre une suite en laisse en deux-trois saccades maximum même avec un collier plat. Limage des chiens tournant pendant des heures en tirant sur leur collier étrangleur à en perdre le souffle nest le fait que dune mauvaise utilisation de loutil (la laisse ne devant par exemple jamais être tendue, donc le collier étrangleur ne se serre que pendant le ¼ de seconde où la saccade est donnée pour se re-desserrer dans le ¼ de seconde suivant), et dune mauvaise compréhension de la méthode qui sest diluée au fur et à mesure des transmissions (un peu comme certains utilisent le clicker comme un sifflet, ou en ne récompensant pas à chaque click). Il y a aussi des mauvais maitres et des cons partout, ce nest pas la méthode qui est en cause mais la bêtise humaine.
La récompense est trop souvent oubliée. Jassiste régulièrement aux cours déducation du club où je pratique le ring et qui travaille en méthode traditionnelle et je suis sidérée du nombre de fois où les éducateurs doivent répéter « félicite ton chien, dis lui que cest bien, récompense » sans que les gens le prennent en compte. Évidemment, on passe plus vite que dans les méthodes positives, en mode « récompense aléatoire » vu que la phase de leurring est zappée, mais ça ne veut pas dire que la récompense nexiste pas dans lapprentissage. Jai lu une fois dans un forum, un utilisateur dire quil avait pour principe de toujours offrir à son chien une récompense à la hauteur de la sanction utilisée. Je trouve ça très vrai. Le chien doit aussi se régaler.
Les outils :
Les outils privilégiés des méthodes traditionnelles vont être la laisse et la manipulation physique du chien ce qui suppose donc dhabituer son chiot très jeune à être manipulé dans tous les sens, et à être à laise avec la laisse pour que ce ne soit pas un frein à lapprentissage.
A ce sujet, il est de coutume de dire que cette méthode nest pas adaptée aux chiens sensibles et notamment aux chiens mal à laise avec le contact. Cela parait à première vue totalement sensé et logique vu que la majorité de lapprentissage est notamment basé sur le contact physique. Mais quid de linné et de lacquis ? Un chien mal à laise avec le contact pourra-t-il devenir à laise avec celui-ci si on ne lui apprend pas à le supporter ? Chaplin mon bearded avait peur des gens qui élevaient la voix quand il était petit. La première fois quon est arrivé comme spectateur dans un concours en ring, il regardait les autres spectateurs qui riaient, se disaient bonjour en parlant fort et en se donnant des tapes dans le dos comme des extra-terrestres et si mon frère avait le malheur délever la voix à la maison, il partait se planquer. Normal ! Il a été éduqué en méthode positive, cétait un chiot facile à vivre et je nai donc quasi jamais levé la voix en sa présence. Comme je vis seule, il na pas eu loccasion non plus de me voir me disputer ou lever la voix sur quelquun dautre que lui. Il ne savait juste pas ce que cétait. Jai donc pris le taureau par les cornes, et jai travaillé pour quil sy habitue, faisant exprès chez moi de parler très fort. Aujourdhui, quand mon frère lève la voix (y compris pour le réprimander), Chaplin le regarde en remuant la queue genre « Hé maintenant je sais que cest cool et que jai pas à men faire quand on lève la voix, dis tu joues avec moi alors ». Bon ok, il a pas tout compris loool MAIS il a appris à supporter une chose quil ne supportait pas au départ. Pour moi, la méthode nest en fait pas adaptée aux chiens qui nont pas une confiance aveugle et un attachement très important à leur maitre pour supporter la contrainte et aux chiens qui nont pas été habitués à être manipulé (via le toilettage, les papouilles, les jeux de bagarre). Mes chiens actuels sont éduqués selon la méthode positive, mais jestime quils doivent pourtant être capable de supporter que jappuie sur leurs fesses, que je mette la main sous le ventre, que je les pousse, les tire, les prenne par les pattes sans se mettre à trembler ou avoir la queue entre les pattes. Parce que se laisser manipuler fait aussi partie de la vie.
Cette parenthèse mise à part, comme tout outil, petit à petit, à mesure que le chien progresse, on enlève les manipulations et la laisse (en passant par une phase intermédiaire avec une petite cordelette légère quon laisse au cas où mais que le chien sent moins quune laisse et un collier donc peut oublier), et on récompense de plus en plus à la voix.
Un ordre est un ordre :
Cest pour moi LA différence fondamentale entre les deux courants et ce qui oblige donc notamment à repenser dans sa globalité sa manière dinteragir avec son chien. Les méthodes traditionnelles sont des méthodes « réactionnelles » : le chien fait bien, on récompense, il fait mal, on sanctionne. On réagit dans linstant à ce que fait ou ne fait pas le chien en lui signifiant que cest bien ou mal. Toutes les situations, tous les apprentissages peuvent se résumer à ces deux choses, ce quon veut et ce quon ne veut pas, et ainsi, on est jamais pris au dépourvu, on sait toujours quoi faire : récompenser ou sanctionner.
Quand on donne un ordre, on récompense si le chien sexécute, sil ne le fait pas, pas besoin de répéter lordre au risque que le chien shabitue à nécouter quau 10ème ordre, on sanctionne. On verra que cest un peu plus compliqué pour les méthodes positives.
La dernière chose que ce principe suppose cest quun ordre est un ordre quelque soit le lieu, les distractions, létat du chien (énervé, excité, agressif, terrorisé). On se fiche de savoir sil est à laise ou non, sil est terrifié ou non, sil est dans un état dexcitation tel quil a du mal à se concentrer, quil y a une flaque deau là où on veut quil se couche, que des chiens courent à côté. Sil nobéit pas à cause dun de ces paramètres, la réaction est simple, on le sanctionne pour lobliger à obéir malgré ces paramètres. La seule chose quon prend en compte cest sil obéit ou pas.
La hiérarchie :
Ce serait trop long de développer ici, mais comme cest un point de divergence entre les deux courants, il me paraissait important de le souligner. Pour résumer très grossièrement, la majorité des méthodes traditionnelles sont basées sur un concept hiérarchique de dominant-dominé. Cest la loi du plus fort mentalement et physiquement auquel doit obéir aveuglément le dominé.
Pour en savoir plus :Les méthodes traditionnelles : un livre gratuit à télécharger – l’art du ring
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LES METHODES DITES POSITIVES
Ces méthodes sont fondées sur :
la récompense des comportements souhaités
et lignorance des comportements non souhaités.
Pour reprendre lexemple de lapprentissage du assis, il y a 2 grandes manières de procéder :
La première : sans dire un mot ou faire un geste pour le guider, le chiot face à nous sassoit de lui-même. On récompense de suite en y collant lordre associé « assis cest bien, oui assis ». On utilise ici ce que propose naturellement le chien. Sil voit quil reçoit une récompense en sasseyant, il y a fort à parier quil va vouloir retenter le coup pour voir sil peut recevoir une nouvelle récompense. Si on récompense encore, il va se mettre à sassoir de plus en plus souvent. Ainsi sil sasseyait 20 fois par jour sans quon le récompense, voyant quil est récompensé il va se mettre à sassoir 200 fois par jour. Comme lassociation dun mot/ordre avec un comportement est liée au nombre de répétitions, il apprendra plus vite que le mot assis est associé à laction de mettre les fesses par terre, sil le voit 200 fois par jour et non 20 fois. Sil propose autre chose pendant lapprentissage : se coucher, se gratter, aboyer, on ignore, ca ne nous intéresse pas pour le moment, le chien préférant proposer les choses récompensées, il finira par sassoir plus souvent quil ne se grattera.
On peut aussi guider le chien pour obtenir le assis. Cest ce quon appelle le leurring (leurre). En fait, on tient dans la main une friandise ou un jouet, et avec notre mouvement, tel un marionnettiste, on va amener le chien à prendre la position quon veut, la main tenant la récompense agissant comme un fil invisible pour guider le chien. Pour le assis, chien face à nous, on va mettre la main au niveau de son museau et la lever légèrement au dessus de lui un peu en arrière. Pour la suivre le chien va lever la tête et basculer en arrière sur ses fesses ! Bingo il est assis ! On récompense en associant le mot « assis ». Tout lintérêt est de bien leurrer le chien, de faire le bon geste pour le guider. Si on se trompe et que le chien fait autre chose parce quil ne sait pas encore, on ne dit rien, on continue de le guider jusquà obtenir ce quon veut récompenser. Dans les deux cas, on travaille sans laisse ni collier, la récompense est notre seul outil.
A noter que ces deux manières de procéder peuvent être renforcées avec le clicker et quil existe une troisième méthode dapprentissage en méthode positive quon nomme « shaping » mais jy reviendrais prochainement.
Récompenser et ignorer :
On récompense ici énormément, nhésitant pas à répéter le même comportement 50 fois et à donner 50 fois une friandise par séance. La peur habituelle des gens est que le chien nobéisse QUE pour la friandise et nobéisse plus dès quelle disparait. En fait, je nai décrit ici que les toutes premières étapes de lapprentissage. Par la suite, on doit apprendre au chien à se passer progressivement de la récompense (en récompensant toujours aléatoirement une fois de temps en temps pour que le chien ne sache jamais si oui ou non il va lavoir cette fois ci). Dabord, on continue par exemple à leurrer le chien avec lodeur de la friandise dans la main, mais la récompense arrive de lautre main qui va piocher la friandise dans un sac sur une étagère. Ensuite, on fait la même chose sans lodeur dans la main. Puis on enlève le geste du leurring en le diminuant progressivement. Puis on ne récompense plus toutes les réussites mais 9 sur 10, puis 5 sur 10, puis 2 sur 10 etc
jusquà récompenser quépisodiquement et aléatoirement. Si on suit rigoureusement les choses, et si on apprend très jeune au chien à diversifier les types de récompense (une fois une friandise, une fois le jouet etc
), le chien apprend facilement à obéir sans. Tout comme la laisse, la récompense nest quun outil dapprentissage dont on cherche à terme à se passer (même si faut de temps en temps une piqure de rappel comme avec la laisse).
Ignorer les comportements non-souhaités. Dans une séance dapprentissage spécifique, le concept est très simple. Je veux apprendre le assis à mon chien, je ne récompense que le assis. Sil se couche ou fait une révérence, ca ne mintéresse pas pour le moment, je dis rien, je fais rien, jattends quil fasse autre chose ou le guide pour quil fasse autre chose. Mais la vie quotidienne nest pas toujours une séance dapprentissage spécifique. Il y a des situations où lapplication reste simple comme pour le chien qui saute sur les visiteurs : il saute, aboie, fait le fou, on ne dit rien, on ne lui parle pas, ne le caresse pas. Sil sassoit, on félicite et on le caresse. Il nest pas fou, si sauter, aboyer napportent pas de caresses alors que sassoir permet den avoir, le prochain coup, il sassiéra encore plus vite pour gagner ses caresses. A noter que cela ne fonctionne QUE si personne ne le caresse alors quil saute et fait le fou et QUE si tout le monde attends quil sassoit pour le récompenser avec des caresses. La cohérence étant encore plus importante dans les méthodes positives.
Il y a dautres situations où ce nest plus un comportement non-souhaité mais un mauvais comportement. Un chien qui va agresser un autre chien, ce nest pas un comportement non-souhaité quon peut ignorer, mais un mauvais comportement dont on ne veut pas. La distinction est difficile mais essentielle. Et tout lart alors dans ce dernier cas, sera de ne pas en arriver à la situation « je suis en train dagresser un autre chien » pour ne pas avoir à sanctionner à défaut de pouvoir lignorer (ici ignorer est impossible vu que le chien gagnera sa récompense tout seul en agressant – voir plus loin le concept de lauto-récompense).
Savoir donner lordre :
Le fait de devoir ignorer les comportements non-souhaités va devoir complètement transformer votre manière de donner des ordres et votre conception de la vie avec votre chien. Là où les méthodes traditionnelles étaient de type réactionnelles, les méthodes positives sont des méthodes danticipation. Cela suppose plusieurs choses :
On ne doit donner un ordre que quand on est sûr à 100% quil sera obéi, si on nest pas sûr alors il faut aider le chien pour augmenter le pourcentage de réussite possible (en le guidant avec le geste, en réintroduisant un leurre : on diminue la difficulté de lexercice demandé face à laugmentation dune difficulté environnementale), ou ne pas donner dordre.
Cest une partie de bluff qui sengage entre vous et votre chien. Il ne doit jamais savoir quil est possible de vous entendre dire un ordre, de ne pas y obéir et quil ne se passe rien (et selon le principe de lignorance il ne se passe rien). Lhabituer à entendre répéter des ordres quil nexécute pas cest lhabituer à ne pas obéir et ca, on ne peut décemment pas se le permettre. Il faut donc tricher, les ordres quon donne sont précieux, à nous de savoir les donner que quand on sait quils vont être suivis, jamais si on sait quil y a de grandes chances pour quils soient ignorés par le chien. Ca suppose de connaitre le niveau de difficulté maitrisé par son chien pour jamais demander trop, ca suppose de savoir lire son chien pour savoir sil est en état ou non dobéir, ca suppose de mettre en place des alternatives dans les cas où on sait quon risque de ne pas être obéi (mettre une laisse pour ne pas détruire le travail fait au niveau de lapprentissage du rappel dans les situations encore compliquées pour le chien comme le rappel à côté dune rivière pour les chiens qui aiment leau), ca suppose de savoir anticiper pour voir avant son chien, les autres chiens qui vont le croiser pour rappeler alors quil est encore en train de se poser la question sil y va ou non et pas quand il est en train de galoper à tout allure vers eux, ca suppose de savoir entrer en contact avec son chien avant de donner un ordre, ca suppose de travailler les problèmes rencontrés en dehors de la situation conflictuelle même etc etc . Qui a dit que les méthodes positives étaient une partie de plaisir ?
Ignorer demande aussi de savoir décaler lordre pendant lapprentissage. Je lai évoqué pendant lexemple mais je ne suis pas sûre quon y prenne garde. Comme cest important, je préfère en reparler. Dans les méthodes traditionnelles, on donne lordre puis on avise. Dans les méthodes positives, au début de lapprentissage, on ne donne lordre quau moment où le chien est en train de sexécuter. Si le chien est assis, on peut dire assis sans craindre quil ne sexécute pas vu quil est déjà assis. Petit à petit on va décaler lordre, on va dire assis juste un peu avant que les fesses touchent par terre (parce quon est sur quelles vont toucher terre et que le chien ne va pas se relever), puis encore un peu plus avant, puis juste quand le chien va basculer le poids de son corps vers larrière etc jusquà pouvoir donner lordre avec certitude avant même que le chien commence à sexécuter.
La dernière chose induite par le concept dignorer les comportements non souhaités cest la prise en compte des difficultés environnementales. Ici on est obligé de tenir compte de lenvironnement, du niveau de distractions (obéir chez soi, ce nest pas comme obéir dans le jardin, un parc avec quelques personnes, au milieu dune foule, avec des chats autour, chaque chien ayant sa propre échelles de difficultés liées aux distractions), de létat du chien (peur, excitation). On est obligé den tenir compte parce quelles influent énormément sur le pourcentage de réussite possible et peuvent faire chuter la certitude que notre chien va obéir (donc la possibilité même de donner lordre). A quoi sert de rappeler son chien qui court après le chat si on est sûr quil ne nous écoutera pas, et quon ne peut même pas le sanctionner pour ca (pour associer le fait de désobéir à quelque chose de désagréable), à part à réduire la force de son rappel, à rien. Il faut donc travailler ces situations une à une, via lhabituation progressive. Un chien a du mal à travailler avec ses congénères proches de lui, ok, il y arrive sils sont à plus de 10m, bien on va commencer à travailler avec des congénères à 10m, quand ca deviendra facile, on réduira la distance entre nous et eux à 5m, et ainsi de suite jusquà réussir à bosser à 1m les uns des autres. Le but étant daugmenter le seuil de tolérance du chien. Un chien a peur des hauts parleurs, il va falloir travailler dabord sur les raisons de sa peur et le désensibiliser avant de pouvoir lui demander de travailler dans ce contexte. Un chien sexcite trop pour pouvoir se concentrer, il va falloir dabord travailler sur sa capacité de concentration et sur ce problème dexcitation.
Le problème de lauto-récompense.
On la vu, la récompense dun comportement va augmenter son apparition. Le problème cest quune récompense nest pas forcément une friandise ou une balle dont on peut contrôler le fait quelle soit donnée ou non. Une récompense est par définition, ce que veut le chien le plus au monde à cet instant T. Ca peut être une balle, un bout de gruyère, mais ca peut être aussi quon lui enlève sa laisse et lui donne le droit de gambader, le droit daller jouer avec un autre chien, le droit de continuer le parcours dagility etc etc Tout comme ca peut être le fait de se battre avec un autre chien, de courir après un chat, dattraper un lapin en forêt, ou plus pernicieux encore dobtenir notre attention.
Si je veux apprendre à mon chien à ne pas toucher la viande qui est au sol. Je peux parfaitement récompenser fortement le fait quil ignore le bout de viande et détourne les yeux de celui-ci, et ignorer ses autres comportements. Mais sil arrive à attraper et manger le bout de viande, il aura gagné seul sa récompense, je ne peux donc pas ignorer laction « voler le bout de viande ». Si je ne veux pas le sanctionner pour le fait de voler de la viande, et juste le récompenser pour le fait de détourner le regard, selon les principes des méthodes positives, il faut que je me débrouille comme je veux mais que laction « voler le bout de viande » soit tout simplement impossible à réussir (je la tiens dans ma main que je ferme avant quil latteigne, je mets le pied dessus etc..) pour que mon chien ne sache jamais quil est possible de sauto-récompenser ainsi et/ou que ma récompense soit plus forte que son auto-récompense possible (je lui donne un bout de viande en récompense sil touche pas à une croquette et pas linverse).
Cest plutôt facile à mettre en uvre pour cet exemple du refus dappât. Mais je vous laisse cogiter pour tous les exemples dauto-récompense problématiques que jai cité au dessus et sur le nombre de situations où l’auto-récompense entre en jeu sans en avoir conscience ^^
Pas de sanction = no limit tout est permis
Cest une confusion fréquente souvent due aux mauvaises raisons qui conduisent aux méthodes positives. Ce sont des méthodes douces et gentilles, cest ce qui convient à mon doudou damour, je ne veux pas être méchante avec lui, je veux quil maime (et je ne métendrais pas ici sur lanthropomorphisme). Je ne veux pas non plus lui mettre des limites, des interdits, lui donner un cadre, à mon pauvre kiki damour, faudrait pas que je le traumatise.
En fait, les chiens sont des animaux de meute, meute régie par des règles sociales bien définies pour que ca ne soit pas lanarchie. Cest naturel pour un chien, il en a même besoin. A ne pas vouloir donner de limites, de règles, de cadre à son chien, on le laisse dans un flou dévastateur ne conduisant pas au bonheur de kiki, mais aux problèmes comportementaux signe dun mal-être.
Il faut donner des règles et un cadre à son chien pour quil soit bien dans ses pattes. La seule différence entre les méthodes traditionnelles et les méthodes positives, ce nest pas labsence de limite, mais la manière dapprendre ces limites. Il ne faut pas confondre !
La hiérarchie.
Le concept de hiérarchie est ici plus basé sur la notion de leadership que sur une relation dominant-dominé. Le leader a une autorité naturelle grâce à son attitude, son calme, sa cohérence, sa justesse et sait se faire respecter. Mais il est surtout quelquun quon a envie de suivre (to lead=mener) un peu comme ces chiens que tous les autres suivent dun coin à un autre du jardin parce que cest eux qui savent dénicher la bonne odeur, le bon bâton pour jouer mais aussi parce quils ont une assurance naturelle qui leur permet dexplorer les territoires inconnus en passant devant. Quelquun dont on recherche la protection. Quand un chien nobéit pas, on ny voit pas forcément un problème de hiérarchie, on recherche les causes possibles (la peur notamment), non pas pour donner des excuses et ne rien faire, mais travailler aux racines du problème avant de travailler en dernier lieu la hiérarchie.
La mise en place de la hiérarchie passe ici essentiellement par la relation et lattachement au maitre, le fait de cultiver une attitude de leader (calme et cohérence, sécurité), le fait de savoir se positionner physiquement pour dénouer les tensions etc etc
Les variantes.
La première méthode positive qui a débarqué en France était la méthode naturelle qui est notamment enseignée dans les clubs au sein des Ecoles du chiot.
Le clicker-training est une autre méthode positive que je détaillerai dans un autre article.
Pour en savoir plus en attendant :
Sur les méthodes positives : www.animalin.net
Sur la méthode naturelle : ecole.du.chiot.free.fr
Sur le clicker-training : http://pages.infinit.net/clicker
Au final, le choix dune méthode plutôt quune autre va dépendre des philosophies de vie, des chiens, des maitres, des disciplines pratiquées et même parfois des situations. Le tout étant de comprendre les rouages de chacune pour ne pas juste appliquer bêtement une technique sans savoir ce que cela suppose derrière.
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Attention aux raccourcis !
On peut très vite tenter de résumer ces deux méthodes, en une méthode douce et gentille et une méthode violente et cruelle, lune privilégiant la complicité, le travail dans la joie, lautre la contrainte et la peur.
Il y a un peu plus de 10 ans, les méthodes dites positives ne faisaient pas encore parler delles en France, tous nos chiens étaient donc éduqués et travaillés en méthode traditionnelle. Mon premier chien, un bearded nommé Newton na pas échappé à la règle. Etait-il soumis, contraint de travailler au point de le faire sans plaisir ? Bossait-il dans la peur ? Etait-il traumatisé ? Non, rien de cela. Dès quil entendait un ordre donné sur le terrain par quelquun dautre, il venait me voir et savait me faire comprendre que son seul désir cétait « Hé moi aussi je veux travailler », il marchait au pied avec son collier étrangleur, en sautillant gaiement à côté de moi, la queue battante, les yeux dans les yeux. Il était heureux de travailler avec moi, tout simplement.
A côté de ca, jai aussi rencontré nombre de chiens en méthodes positives qui suivent leur maitre à 2 à lheure pendant que celui-ci séchine à lui secouer un dé de jambon sous le nez, et qui tente de se barrer pour renifler ailleurs ou faire autre chose dès que le dé de jambon nest plus là.
Parce quil y a une chose plus importante encore que la méthode, cest la relation quon tisse avec son chien. Cette complicité sans faille qui fait quils nous suivraient au bout du monde. Cela ne sexplique pas. Mais je suis convaincue que cest ce qui fait la différence. Parce quau cours des 12 dernières années, jai expérimenté beaucoup de méthodes, et une seule chose na jamais changé, cest lenvie de mes chiens. Quand on va pour se mettre à bosser, Chaplin sassoit devant moi et tourne la tête sur le côté curieux de découvrir ce quon va apprendre aujourdhui. Tout est dit à travers cette simple attitude. Il ny a pas de secret, la complicité ne se construit pas sur une théorie, une méthode, ou même une éthique, mais sur le plaisir VRAI de partager des choses ensemble au jour le jour.
De la même façon, on a tendance à opposer une méthode sérieuse, à une grande récréation où le chien a le droit de tout faire. Je ne suis pas daccord. Je connais des chiens de ring donc typiquement travaillés en méthode traditionnelle qui font ce quils veulent sur un terrain, marchant à 2m de leurs maitres au lieu dêtre au pied, et des chiens travaillés en méthodes positives très carrés. La rigueur ne vient pas de la méthode, mais du degré de cohérence quon simpose et des objectifs que lon se fixe. Si on décide de travailler une marche au pied réglée au millimètre près, elle sera au millimètre près quelque soit la méthode, si on décide davoir juste un chien qui ne tire pas en laisse mais qui peut être 10cm devant, derrière ou sur le côté, on aura un chien qui nous suivra dans un rayon de 10 cm. Si un coup on autorise le chien à tirer parce quon a la flemme alors quon lui a demandé au pied, un coup on séchine à le garder au pied, on aura forcément une marche au pied plus olé-olé que celui qui simpose comme discipline personnelle davoir toujours son chien pile poil au pied quand il en donne lordre. Ce nest pas une question de méthode. Il vous appartient toujours de décider ce que vous voulez et ce que vous ne voulez pas.
Vous êtes les maitres de vos chiens,
mais surtout maitres de vos choix pour eux.
Ce nest pas tant la méthode qui compte mais ce que vous en faites.
5 réflexions sur « DANS LA JUNGLE DE LEDUCATION CANINE »
bonjour,
je viens de te lire et je dois dire que ton expérience est passionnante. dans l’attente de ma chienne, je parcours internet pour préparer son arrivée et réfléchir à la place que je veux lui donner et à la relation que je souhaite voir s’installer avec elle, et je dois dire que ton blog m’apporte des pistes pour décider de mon positionnement et m’y tenir.
Je ne suis pas sûre d’avoir tout digéré à la première lecture et c pour cela que j’ai mis ton site dans mes favoris afin de pouvoir y revenir aussi souvent que nécessaire afin de mieux comprendre comment fonctionne le chien,de bien appréhender les différentes méthodes et faire mon choix…je dois être claire dans ma tête (et le transmettre à ma famille) avant l’arrivée de simca pour assurer une cohérence dans mes interventions.
Dans l’attente de nouvelles lectures,
kareen
Bravo! Voilà une très belle synthèse de ce qui existe en éducation canine. Je suis moi même monitrice bénévole dans un club canin et j’avoue avoir beaucoup de mal à me tenir à une seule méthode. Depuis 20 ans les méthodes ont beaucoup évolué et je trouve qu’il y a des choses bonnes à prendre dans toutes les méthodes.
merci.
Voilà un beau résumé des deux grand courants de pensé pour les méthodes d’éducation, accessible et objectif, bravo!
J’ai tout récemment accueilli chez moi un petit Jack Russell, et justement j’hésite beaucoup entre les deux approches.. votre article me rassure dans le fait qu’il n’y a pas fondamentalement de mauvais choix, mais juste des mauvaises façon de s’y prendre. Il est donc important de se faire guider, et c’est exactement ce que j’ai commencé avec une éducatrice du coin. Les premiers résultats sont déjà visibles sur notre petit Jerry.
Merci beaucoup, maintenant tout est plus clair 🙂
Un grand merci pour cet article très intéressant ! Je le mets en favori pour le relire à l’occasion. Heureuse de lire enfin quelqu’un qui n’est pas un(e) extrémiste de l’une ou l’autre méthode, et qui explique clairement les différences entre les deux.
Je vais essayer de me mettre à la méthode positive, tout simplement pour être plus à l’écoute de mon chien, une femelle Border Collie de 5 ans adoptée il y a un mois en refuge. Mais ça va demander une rigueur que je n’ai peut-être pas. On verra …
Bonjour,
Article très intéressant,
Vous avez oublié de dire que l’éducation positive prend source dans les dernières découvertes scientifiques (éthologie ) .
Il est irréfutable que le chien n’est pas un loup ,il n a pas lamême organisation (meute ,dominé,dominant…)
Les principes de l’éducation traditionnel fondé sur le maître doit être un chef de meute est donc complémentèrent erroné .
Vous avez parfaitement raison ,la relation avec son chien est la base de toute éducation efficace
C’est pour cela que l éducation positive basée sur le respect ,la bienveillance ,le leadership ,le renforcement positif,les connaissances éthologique de son chien apporte une relation sans contrainte ,une relation de confiance ,une relation de complicité .
Mais faut t’il encore connaître les rouages de cette éducation très compliqué car elle fait appel à son intelligence ,à la connaissance des différents conditionnements.
L’éducation positive est une bonne méthode ,et pas uniquement pour les chiens
Les commentaires sont clos.